Fiche n°21 Photo de Qui nous dépasse. An uns vorbei
Qui nous dépasse. An uns vorbei

Avec traduction allemande par Rüdiger Fischer
Verlag im Wald, Editions en Forêt. épuisé chez l'éditeur, maintanant chez l'auteure., Rimbach, 1999





Dédale pour un autre temps

Ces poèmes, Rose-Marie François en est l’instrument plus que l’auteure. Ils se sont imposés à elle, presque toujours la nuit, quand la main, à tâtons, saisit le crayon, le papier, griffonne, comme sous la dictée, souvent à partir de rêves où se recouvrent les grands thèmes-images qui animent l’inconscient collectif tel que l’a si bien repéré Mircea Eliade : l’eau régénératrice, le cheval, qui accompagne les morts, la maison-temple qui est le centre du monde, la tour qui comme dans le mythe de Babel figure la recherche de la langue… Et les cailloux ne sont plus seulement traces à relever, ils sont pierres sacrées.

Par l’alchimie des mots, nous entrons ici, de gré ou de force, dans un temps autre, le Grand Temps dont Eliade décrit les manifestations dans les sociétés archaïques : le temps mythique de la non-histoire.

L’hiver est moins une saison que ce temps suspendu au tournant de l’année : la période de latence, les douze jours entre Noël et l’Épiphanie, à cheval sur le Nouvel An, cet espace où le temps s’abolit, où les morts sont à nos côtés, où la règle se retourne dans les traditions d’orgie carnavalesque.

Si l’été a parfois un goût amer, c’est que le printemps dérape sur les glacis de la folie. Quelle porte au-delà de l’affolement ? Quel espace précaire, quelle retrouvaille de cela même dont on ignorait la perte ?

Le recueil nous embarque en un périple déroutant, une circumnavigation autour de repères jamais trop clairement repérés. Quête qui va raviver la force de la sève, restaurer la vie au-delà de la mort ? Présence il y a bien, en tout cas, par la magie du verbe, par le pouvoir du souffle.

Christine PAGNOULLE


Photo 12 de Qui nous dépasse. An uns vorbei

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