KURZEZMES PRINCIS = version lettone par Dagnija Dreika de : Passé la Haine et d'autres fleuves BEZCEĻA AVOTI = Répéter sa mort/Bezceļa avoti: bilingue français-letton
© Roze-Marija Fransuā : Grāmatu drīkst atdzejot citās valodās un reproducēt tekstus tikai ar autores rokrakstītu atļauju. © Rose-Marie François : Rien du présent volume ne peut être traduit en aucune langue que ce soit ni reproduit d’aucune manière que ce soit sans l’autorisation manuscrite de l’auteure.
NOTE DE L’AUTEURE SUR LA GENESE DES DEUX LIVRES (Répéter sa Mort et Passé la Haine et d’autrtes fleuves)
Ecrit au printemps 1987 (1ière partie Lumière de Courlande) et en été de la même année (Terre de Hainaut, Histoire d’Europe, Rose Feu), Répéter sa mort a une histoire surprenante. Le premier mot du livre : Courlande, je l’écris sans le comprendre, le texte parle de « pays rayé de la carte » qui va « revenir sur la carte ». La suite du texte, Histoire d’Europe, fait allusion à « la femme divisée [qui] revient du rapt » et je me demande si je vivrai assez longtemps pour connaître l’Europe telle qu’en ma tête : de l’Atlantique à l’Oural et du Cap Nord à la Méditerranée. Je cherche en vain sur les cartes le mot « Courlande »… est-ce un pays de légende ? Thomas en rentrant me parle de « Kurland », qu’il me montre dans son atlas d’histoire. Pas loin du pays de ses ancêtres, la Prusse. Je présente le manuscrit au prix Plisnier… qui lui est attribué fin 1989. En relisant mon texte, j’en comprends peu à peu le contenu : le mur de Berlin vient de tomber et les premières républiques à se séparer du bloc soviétique, ce sont les pays baltes. La Courlande revient sur la carte ! D’autres thèmes interviennent : la deuxième guerre mondiale, la perte de la maison (voir mon livre La Cendre), la mort de la jeune fille (ma tante Rose morte à vingt ans, peu avant ma naissance, et dont je porte le nom)… au fil des années, je m’aperçois qu’ici comme nombre de mes poèmes, le souvenir se mêle à la prophétie singulièrement dans la phrase « Si écrire ne servait qu’à répéter sa mort », où le verbe répéter se réfère autant au passé qu’à l’avenir (au sens de « répéter » une pièce de théâtre). Le titre letton Bezceļa avoti, pourrait signifier Sources dévoyées. (NDLA) En 1996, le texte (sans intertitres) paraît sur « Mot à Mot », Maison d’Edition virtuelle de l’université de Liège. C’est en 1997 que Pierre-Yves Soucy, découvrant le manuscrit, décide avec Fernand Verhesen de publier ce texte « tout de suite » et « sans y changer même une virgule » ! En réalité, le livre, imprimé fin 1997, sera en librairie au premier trimestre 1998. A la Biennale de Poésie de Liège, en septembre 1998, je fais la connaissance d’un lecteur aussi attentif que charmant : la Courlande est le pays de son père, émigré en Angleterre au début des années quarante. Ce monsieur assis à table près de moi n’est autre que l’ambassadeur de Lettonie et il veut faire traduire mon livre en letton ! Nous gardons le contact. Il me demande d’organiser l’accueil, à l’université de Liège, d’une exposition sur l’histoire récente de son pays. En prenant connaissance du catalogue, je comprends à quel point mon texte sur la Shoah gagne encore en cohérence quand il parle de « poèmes en langues assassinées » ou de « voyageurs de l’obscur » ou qu’il raconte (à la première personne) la mort d’un homme enfoui sous la neige. Et quel « ordre » (qui n’est pas alphabétique) dans mon énumération de langues parlées en Courlande, a placé en tout premier lieu celles qui me sont alors le plus étrangères : les langues baltes. Très peu de temps après cette rencontre passionnante, Répéter sa mort est couronné par le prix Louis Guillaume du poème en prose (Paris). Ce prix consiste en une semaine sur l’île de Bréhat. Là, j’écris tout en apprenant la langue lettone, ou plutôt : j’écris sur et dans mon apprentissage du letton. Plusieurs passages de mon livre naissent sur les mêmes feuilles lignées où je griffonne ou calligraphie des exercices de grammaire et de vocabulaire. La découverte de cette langue m’arrache à moi-même, elle me fait fantasmer sur son histoire et sur son paysage. Elle me permet de situer l’héroïne d’un manuscrit de 1984 – titre provisoire : le couvercle – une jeune peintre dont la maison devient « ma maison » le jour où je « reconnais » celle-ci sur une photographie dans un livre sur la Lettonie. Lors de mon premier voyage (septembre 1999) en Courlande et à Riga (où je suis invitée aux Journées de la poésie), je constate – chose ahurissante – que mon texte a mieux « vu » cette maison que le commentateur de la photographie ! Le roman Passé la Haine et d’autres fleuves paraît aux Editions Le Fram, à Liège, en septembre 2001. Le présent titre Kurzemes Princis signifie Prince de Courlande.