Luc Pire MAINTENANT CHEZ L'AUTEURE, Le Grand Miroir MAINTENANT CHEZ L'AUTEURE, Bruxelles, 2009
Les vacances commencent comme dans un classique de la littérature enfantine. Pourtant, on sent d’emblée que rien ne sera simple. On est pris dans un réseau d’échanges entre des personnages dont les ombres ne cessent de se déplacer.
Une fête de famille en Alsace, à la croisée des cultures, n’évitera pas le choc de l’Histoire, qui frappe et meurtrit encore la plus jeune génération, celle que l’on croyait « étrangère à tout cela ». Que pèse, pour l’être qui les porte, un prénom hérité, une mémoire bâillonnée ?
A l’image de nos cosmogonies fuyantes, dépourvues de centre, ce sont plusieurs personnages qui, successivement, jouent le rôle principal. Au lecteur alors de s’enrichir au gré d’identifications multiples. (4ième de couverture)
Vincent ENGEL, dans Victoire, supplément du journal Le Soir, juin 2009 :
La littérature est pleine de romans sur les victimes et l’héritage difficile que leurs souffrances impose à leurs descendants. On parle moins de l’héritage de la culpabilité du bourreau. Du bourreau ou de ceux qui lui furent proches, trop proches souvent. Dans “L’aubaine”, Rose-Marie François nous invite à un repas familial aux apparences banales. Mais nous sommes en Alsace, croisée des mondes, tranchée séculaire. Entre Allemagne et France, entre bourreaux et victimes, les générations d’après-guerre tentent de vivre, d’oublier, de reconstruire. Les fantômes sont nombreux, et le mort toujours saisit le vif.
Sur de tels sujets, il n’y a pas une vérité. Rien que des vérités fragiles construites par chacun. C’est pourquoi ce roman est polyphonique. Chacun fait entendre sa voix, mais aussi son silence. Lequel met en lumière la parole de l’autre, et ses manques.
Le roman sensible d’une poétesse qui sait ce que sont, entre ombres et lumières, la marche sur le fil des frontières et la navette qui tisse entre les peuples le tissu fragile de la culture. Vincent ENGEL
L'Aubaine est un "coup de coeur" de Luc Norin dans la Libre Belgique (fin décembre 2009)
Michel PAQUOT, le 21 juillet 2010 :
[...] ouvrir un roman paru en 2009, L’Aubaine, de Rose-Marie François. De cette poétesse picarde, semble-t-il, mais formée à Liège, connaissant plusieurs langues […], dont les recueils ont été couronnés par plusieurs prix et qui, jusqu’ici, n’avait écrit qu’un seul roman, Passé la Haine et d’autres fleuves, publié au Fram (à Liège) en 2001, je n’avais rien lu. J’ai été littéralement bluffé par la force littéraire de cette Aubaine. […] Dans ce roman qui s’aventure dans les pensées intimes de ses multiples protagonistes, tout en accordant une belle place à d’excellents dialogues, il est question de liens familiaux, bien sûr, mais surtout d’un passé douloureux, la Seconde Guerre mondiale et les camps de concentration, avec même une allusion au Rideau de Fer. Tout est parfaitement maîtrisé, ici, tant la langue dont la beauté ravit, que l’émotion constamment contenue, ce qui la rend encore plus puissante et riche. Michel PAQUOT
Le roman idéal pour éclairer les jeunes (et les moins jeunes) sur l’histoire
récente de l’Europe. Lucienne STRIVAY, sociologue, ULg.
Là où réside la véritable force de ce roman, c’est qu’il souligne l’impératif
éthique de transmettre non la blessure mais la guérison.
Ronnie SCHARFMAN, univ. of Purchase, New York, « La mémoire
ultérieure dans L’Aubaine » in : Rose-Marie François : des mots et des langues, L3, ULg, 2012, disponible chez cpagnoulle@ulg.ac.be
À la fin de l’année 2009, ce livre a été retenu parmi les « coups de cœur de l’année » de La Libre.
« Là où réside la véritable force de ce roman, c’est qu’il souligne l’impératif éthique de transmettre non la blessure mais la guérison. » Ronnie SCHARFMAN, univ. of Purchase, New York, « La mémoire ultérieure dans L’Aubaine » in : Rose-Marie François : des mots et des langues, L3, ULg, 2012, editor : cpagnoulle@ulg.ac.be
Merci aux quatre classes de terminale du Lycée Jean Jacques Henner d’Altkirch et à leurs professeurs, qui, en 2016, m’ont invitée à dialoguer avec eux après leur lecture de ce livre. Journée mémorable !
l'interview de Jean JAUNIAUX :
http://www.demandezleprogramme.be/Franchir-les-frontieres?rtr=y
Dans son émouvant roman, paru aux Editions Luc Pire, la poétesse Rose-Marie François nous emmène sur le chemin escarpé de la mémoire. Elle a porté ce roman pendant près de vingt ans avant d’y inscrire, au bout de la dernière page, le mot "fin" et de nous le donner à lire.
La construction du récit nous interdit d’en raconter l’intrigue au risque de dévoiler la destination avant le voyage auquel l’auteur nous convie. Chaque chapitre ajoute une étape dans la pérégrination romanesque qui débute par une réunion de famille dans une auberge d’Alsace vers laquelle convergent les protagonistes du roman venus célébrer le cinquantième anniversaire d’Erlande.
Avec une fluidité désarçonnante, Rose Marie François entrelace la lumière de la peinture et la musique de la poésie. Le style qu’elle déduit de ces deux arts lui transmet une sorte d’allégresse à exprimer la gravité des choses et à nous la faire ressentir au plus près du coeur. Une phrase lui suffit pour nous précipiter, sans crier gare, dans le dévoilement de l’essentiel. Ainsi, ce patriarche qui donne à un enfant ce viatique : "La vie est un voyage, regarde bien par la fenêtre du train, il n’y aura pas de retour ; vis tout ce que tu vois, ce que tu ressens, ce que tu entends, car rien, jamais ne se représente. Pèse bien tes actes tu ne pourras jamais y revenir". Ou, à cet autre moment où la mort accidentelle d’un garçonnet est évoquée, Rose Marie François essaie de dire le manque, l’indicible. Elle s’en approche en une phrase qui est une commémoration de l’absence inconsolée : "...sur le coeur, un creux : le poids manquant du petit corps blotti.". Ou encore, ceci qui décrit le dogme religieux : "Le silence qui règne dans le temple est moins celui de l’écoute que celui de la menace.".
Ces quelques exemples, saisis au vol de la première lecture, jalonnent le récit de Rose-Marie François qui tient dorénavant en éveil notre devoir de mémoire, notre appétit de transgresser les frontières et notre foi en la puissance poétique des mots et leur nécessité absolue.
Laissez-vous entraîner dans le roman de Rose-Marie François : vous n’en sortirez pas indemne et c’est peut-être cela "l’aubaine" qu’elle vous offre en partage...
Rose-Marie François évoque dans cet entretien Edmond Jabès.
Elle nous donne également lecture d’un poème d’adolescence : "Vide" extrait de "Girouette sans clocher" et "Curriculum"
Vous pouvez également l’entendre dans la rubrique MARGINALES, donner lecture de la nouvelle qu’elle publie dans la livraison de la revue portant le titre "TOUS DANS LE ROUGE" (parution automne 2009)
Interview réalisée par Edmond Morrel
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